La grande majorité des articles que j’ai écrits traitent de la guérison et de la prévention des maladies et non pas de l’acceptation de ces dernières. Bien sûr, c’est important et c’est ce que la plupart d’entre nous recherchons. Cependant, la réalité de la vie est que parfois, malgré tous nos efforts, nous ne pouvons pas éviter une maladie ou d’être malade. Et s’il y a une chose dont nous pouvons être sûrs, c’est que nous mourons tous progressivement dès le moment de notre naissance. Morbide, peut-être, mais c’est la vérité.
Lorsque je suis tombé malade pour la première fois en 1998, tous mes efforts visaient à me rétablir. C’était approprié et naturel. J’ai dépensé des tonnes d’énergie à rechercher les causes possibles de mes symptômes, j’ai essayé des régimes spéciaux, pris des suppléments, des herbes médicinales et des médicaments, j’ai vu de nombreux médecins et praticiens alternatifs de toutes les tendances possibles, j’ai lu chaque livre sur la santé que je pouvais trouver. Je me suis même inscrit à l’école de médecine chinoise en 1999 pour apprendre à me soigner avec la médecine naturelle. Et pourtant, au milieu des années 2000, j’étais toujours malade.
L’acceptation ne signifie pas abandonner. Cela signifie reconnaître que le moment et la situation sont tels qu’ils sont. Découvrez comment l’acceptation a eu un impact sur mon propre parcours de santé et en quoi cela pourrait changer votre expérience.
Quand la nutrition et la médecine ne suffisent pas
À ce moment-là, j’ai commencé à comprendre que vivre avec une maladie chronique et guérir d’une maladie chronique revenait à bien plus que de peaufiner sans cesse mon régime ou mon programme d’exercices. J’ai donc décidé d’abandonner l’école et de déménager à l’Institut Esalen de Big Sur, en Californie. Esalen est un centre de retraite proposant des cours et des ateliers sur des sujets allant de la pratique de la méditation à la musique, aux beaux-arts et au développement personnel. Mon but était d’explorer en profondeur les dimensions psychologiques, émotionnelles et spirituelles de la maladie que je vivais et de découvrir tous les obstacles cachés qui auraient pu m’empêcher de guérir.
J’ai fini par trouver un travail là-bas et y rester un peu plus de deux ans. C’était un lieu de vie propice au soutien et enrichissant, et j’ai acquis une connaissance précieuse des domaines «immatériels» de ma condition physique. Mais après deux ans d’investigation et d’explorations approfondies, ma santé n’était toujours pas optimale.
J’alternais entre des périodes d’espoir, où j’essayais un nouveau régime, un complément, un plan ou le désespoir, où j’abandonnais la recherche et m’engageais parfois dans un comportement autodestructeur (par exemple, « Pourquoi ne pas manger 6 biscuits ? Cela ne semble pas faire une différence si je ne le fais pas. ») Lorsque j’avais bon espoir, l’avenir me semblait prometteur et j’avais confiance que j’allais vaincre la maladie. Lorsque je me sentais désespéré, l’avenir était sombre et il n’y avait guère de raison de continuer.
À ce moment-là, j’avais suffisamment pratiqué le zen pour savoir que l’espoir et le désespoir étaient simplement des états d’esprit fondés sur une idée que j’avais de l’avenir. Il n’y avait rien de véritablement inhérent à l’un ou l’autre. Ils étaient comme le temps. Parfois il fait beau et chaud, parfois il pleut et il fait froid.
Le pouvoir de l’acceptation
C’est à ce moment que l’acceptation est devenue l’objectif principal de ma pratique spirituelle. J’étais fatigué d’osciller entre l’espoir et le désespoir, d’être ballotté par la turbulence de mes pensées ou « sécrétions mentales », comme l’appelle Kosho Uchiyama Roshi dans son livre, Opening the Hand of Thought.
Je savais que malgré tous mes efforts, je n’avais toujours pas retrouvé la santé. Mais je savais aussi qu’il était possible d’être en paix quelles que soient les circonstances de ma vie. La vérité est que tous les problèmes ne sont pas résolus. Autant que nous aimerions croire le contraire, nous n’avons pas un contrôle total sur les conditions de nos vies. Mais la seule chose sur laquelle nous avons un contrôle est la manière dont nous nous rapportons à nous-mêmes et au monde qui nous entoure. Spécifiquement, si nous acceptons ce qui est ou luttons contre cela.
Lorsque la plupart des gens (y compris moi-même à un moment donné) entendent le mot « acceptation », ils pensent abandonner ou céder. Mais abandonner n’est pas une acceptation, c’est une soumission. Et il y a une différence cruciale entre les deux.
L’acceptation signifie simplement la reconnaissance du fait que le moment est tel qu’il est. C’est tout. Ce n’est pas un jugement de valeur. Accepter quelque chose est vrai en ce moment ne signifie pas que nous l’approuvons. Cela signifie simplement que nous reconnaissons que c’est dans ce moment particulier.
L’acceptation ne signifie rien pour l’avenir. Si nous acceptons que quelque chose soit vrai en ce moment, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas travailler pour le changer à l’avenir, mais dans l’instant qui vient. L’acceptation transcende l’espoir ou le désespoir, futur ou passé. C’est simplement voir la réalité telle qu’elle est.
Endure patiemment ce qui peut t’atteindre.
Tout cela est le propre d’une âme résolue.
(Coran, S. 31 – Loqman, v. 17)
Acceptation = Liberté
En prenant pour exemple ma propre expérience, accepter que je sois malade ne faisait pas disparaître la maladie. Cela ne m’a pas empêché de continuer à suivre un traitement dans l’espoir d’améliorer ma santé. Ce que cela a fait est de supprimer une couche de souffrance tout à fait inutile résultant de la lutte constante contre ce qui était vrai à chaque instant.
Je crois qu’il n’est pas possible de prendre des mesures vraiment efficaces tant que nous n’acceptons pas pleinement ce qui est. Mais ce n’est pas facile. En fait, c’est l’une des choses les plus difficiles que nous puissions faire. Parce qu’accepter quelque chose signifie laisser entrer tous les sentiments et les sensations qui vont avec ce quelque chose. Dans le cas d’une maladie, cela signifie ressentir le chagrin associé aux rêves perdus, à la peur de ne jamais aller mieux ou de ne pas survivre, et à l’isolement qui découle du fait de vivre avec une maladie chronique.
Ironiquement, c’est éviter ces sentiments (c’est-à-dire ne pas les accepter) qui nous empêche de prendre les mesures qui s’imposent. Ne pas accepter quelque chose ne le fait pas disparaître. Cela nous éloigne simplement de nous-mêmes et de la réalité en général, ce qui conduit finalement à davantage de souffrances.
Lorsque nous acceptons ce qui est, nous sommes libres. Libre d’agir conformément à la réalité. Libre d’être en paix avec les circonstances de notre vie, aussi indésirables ou difficiles soient-elles. Et libre de continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer les conditions de notre vie (ou de la vie en général) dans l’instant qui vient.
L’acceptation est un principe fondamental de toutes les grandes traditions spirituelles et religieuses. Dans le christianisme, l’acceptation est exprimée en mettant sa foi en Dieu ou en Jésus. Dans l’Islam, l’expression « incha Allah » signifie « si Dieu le veut ». Mais que vous soyez religieux, agnostique ou athée, je crois que cultiver l’acceptation est absolument essentiel pour quiconque vit avec une maladie ou une douleur chronique.
PAR Chris Kresser traduit par A El Mansouri ND.