Nos systèmes de santé empêchent le médecin de soigner

Nos systèmes de santé empêchent le médecin de soigner

Comment le système de santé empêche le médecin de soigner

Selon un sondage de 2012, près de huit médecins sur dix sont « plutôt pessimistes ou très pessimistes » quant à l’avenir de la profession médicale. Passés d’un court rendez-vous à l’autre, les médecins ont du mal à suivre la paperasse, s’inquiètent des poursuites pour faute professionnelle et se contentent d’atténuer les symptômes au lieu de guérir la maladie. L’attention portée au patient s’est indubitablement déplacée ailleurs. Dans cet article, nous examinerons les raisons pour lesquelles le modèle de médecine conventionnelle empêche les médecins de guérir.

Les médecins sont pessimistes et épuisés

La Physicians Foundation a envoyé des sondages aux médecins à travers les États-Unis pour évaluer le moral et les perspectives de plus de 13 000 médecins actuels. Jetez un œil à quelques-unes des conclusions : (1)

  • 87 % conviennent que la profession médicale est en déclin
  • 58% ne recommanderaient pas la médecine comme carrière à leurs enfants ou à d’autres jeunes
  • 34% choisiraient une autre profession s’ils pouvaient tout recommencer
  • 82 pour cent des médecins pensent que les médecins ont peu de capacité à changer le système de santé

La proportion de médecins épuisés est en augmentation. D’après une étude publiée en 2014 dans le Mayo Clinic Proceedings, la satisfaction des médecins concernant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est passée de 49 % à 41 %, par rapport à une étude précédente réalisée plusieurs années auparavant. Au cours de la même période, le pourcentage de médecins épuisés est passé de 46 % à 54 %. (2) Tenez également compte des éléments suivants :

  • Les médecins passent moins d’un tiers de leur temps face à face avec les patients (3)
  • Les médecins consacrent quotidiennement une à deux heures, de temps personnel à la maison, à travailler pour « rattraper leur retard » (3)
  • Un quart des médecins consacrent de 11 à 20 heures par semaine à des tâches administratives non cliniques (1)

La médecine conventionnelle est en échec et les médecins sont massivement d’accord. L’avenir de n’importe quel domaine semble sombre lorsque ses propres professionnels pensent que tant de choses vont mal.

15 minutes pour soigner

Vous connaissez probablement la plage horaire de rendez-vous standard de 15 minutes dans la plupart des cabinets de médecins. Bien que les origines exactes de cette norme soient inconnues, elle remonte généralement à 1992, lorsque Medicare a commencé à calculer les honoraires des médecins sur la base des « unités de valeur relative ».

Malheureusement, seulement 53 % de ces 15 minutes impliquent de parler ou d’examiner le patient. (3) Le reste, soit 37 % de ces précieuses minutes, est occupé par la paperasse. Pour couronner le tout, les patients n’auront probablement pas toute l’attention de leur médecin : la plupart des patients sont interrompus par un coup de fil ou quelqu’un qui tape à la porte, selon une étude de 2001. (4)

Avec les huit minutes restantes d’interaction réelle avec le patient, il est presque impossible d’établir une relation de confiance entre le patient et le médecin. Nous nous sommes très loin du modèle du médecin de famille à domicile que nous avions il y a 100 ans.

Prendre des raccourcis sur l’historique du patient

Avec un temps limité par patient, les médecins se précipitent souvent dans l’historique de leur patient, ils se limitent à la recherche de la « plainte principale », en résumé c’est de la « bobologie ». Mais des informations précieuses et individualisées peuvent être révélées en examinant en profondeur les antécédents familiaux, les médicaments et les conditions passées et actuelles d’un patient, son alimentation et tout le reste de ce que nous appelons dans notre jargon l’ « exposome ».

Par exemple, imaginez un patient qui arrive avec une toux désagréable et persistante. En fonction du récit et des symptômes du patient, des antibiotiques sont prescrits et le rendez-vous est terminé. Ce qui passera inaperçu, c’est qu’il s’agit de la neuvième cure d’antibiotiques de ce patient en quelques années pour diverses maladies infectieuses. Dans ce scénario, on ne parle pas des raisons pour lesquelles le patient continue à tomber malade ou de la façon d’améliorer sa santé intestinale après ses prises variées antibiotiques. Malheureusement la visite de 15 minutes chez le médecin ne laisse pas le temps de rassembler tout l’historique de santé et de voir la situation dans son ensemble.

Pas assez de temps pour faire plus qu’une vulgaire ordonnance

En médecine conventionnelle, les médecins n’ont pas le temps de discuter des changements de mode de vie et des traitements alternatifs. En réalité, il y a très peu de temps pour faire guère plus qu’une ordonnance. Prescrire un médicament pour soulager les symptômes est beaucoup plus facile et plus rapide que de comprendre les complexités des maladies chroniques qui affligent le monde moderne. Avant les épidémies d’obésité, de diabète et de maladies cardiaques, la plupart des visites chez le médecin étaient dues à des infections aiguës avec des solutions simples. En comparaison, aller à la racine d’une maladie chronique sous-jacente est extrêmement complexe et multiforme. Quelques médicaments ne font presque rien pour guérir et venir à bout de ces conditions.

Pourtant, les médicaments prescrits sur ordonnance restent la norme de soins. Le CDC aux Etats Unis rapporte que 74,2 pour cent des visites chez le médecin impliquent une « thérapie médicamenteuse » quelconque. (5) Les médicaments sur ordonnance ont leur place dans la médecine et peuvent sauver des vies, mais les patients prennent des pilules selon les ordres de leur médecin à un rythme alarmant. Selon le CDC, 48,9% des Américains ont utilisé au moins un médicament sur ordonnance au cours des 30 derniers jours. Près d’un quart en ont utilisé trois ou plus, et 11,9% ont utilisé cinq ordonnances ou plus au cours du mois dernier. (5) Avec le nombre vertigineux de produits pharmaceutiques disponibles, il est difficile de se tenir au courant des interactions médicamenteuses et des contre-indications possibles.

Médecine impersonnelle, soins impersonnels

La nature personnelle de la médecine est en train de disparaître. Les relations entre les médecins et les patients peuvent aider à révéler des informations personnelles qui pourraient être médicalement pertinentes. Imaginez ce scénario : un homme d’âge moyen se présente pour son examen médical annuel avec de l’anxiété et de l’hypertension. Parce que le médecin est déjà en retard dans ses dizaines de rendez-vous pour la journée, il identifie rapidement la « plainte principale » – l’hypertension artérielle – et prescrit un médicament hypotenseur avec, éventuellement, un médicament anti-anxiété. Le patient est expédié et invité à rentre chez lui.

Le style de vie et les relations personnelles n’ont jamais été abordés. Avec seulement huit minutes de temps réel face à face, comment pourraient-ils l’être ? Mais, à l’insu du médecin, la mère de cet homme vient de décéder, et il a aussi récemment perdu son emploi. En d’autres termes, l’hypertension artérielle pourrait être temporaire et pourrait être traitée avec la combinaison appropriée de médicaments, de conseils, d’exercice et de soutien.

Malheureusement, la plupart des patients ne se sentent pas assez à l’aise ou se sentent trop pressés pour partager ce genre d’informations. Un médecin peut difficilement « s’occuper » de quelqu’un avec qui il passe huit minutes deux fois par an. Le résultat est une pratique médicale qui ressemble plus à une chaîne de montage qu’à un système de santé centré sur le patient.

Aujourd’hui, la médecine fonctionne comme une industrie. Les cabinets tentent de tirer profit du principe économique de l’avantage comparatif, selon lequel les médecins effectuent les tâches que seuls les médecins sont autorisés à faire, et rien d’autre. Parce que les médecins sont pressés d’un rendez-vous à l’autre, chaque procédure ou test possible qui peut être pris en charge par quelqu’un d’autre que le médecin l’est.

C’est très différent d’il y a quelques générations, lorsque le médecin participait à beaucoup plus de visites au cabinet, collectant souvent des échantillons ou mesurant lui-même la tension artérielle. En collectant personnellement davantage de données sur le patient, le médecin avait le temps de relever des indices subtils tout en discutant avec le patient et en établissant une relation personnelle avec lui (le fameux concept de médecin de famille, il en faisait presque partie). Au lieu de cela, la médecine conventionnelle abandonne toute la nature personnelle et intime de la médecine.

Tests de laboratoire commandés uniquement pour la protection juridique

Les médecins ont identifié la « médecine de responsabilité/médecine défensive » comme la chose la moins satisfaisante dans le domaine médical dans le sondage fait en 2012 auprès des médecins. La peur des litiges pour faute professionnelle pousse les médecins à ordonner des tests et des procédures inutiles, et de plus en plus de tests sont disponibles chaque année. Une étude d’un système de santé hospitalier a révélé que plus d’un quart des commandes passées par les médecins étaient « défensives » à un certain niveau, ce qui correspondait à 13 % de ses coûts de santé totaux. (6) La surutilisation des tests et des procédures aux États-Unis est estimée à 46 milliards de dollars par an. Ces actions défensives sont probablement l’une des raisons pour lesquelles les États-Unis dépensent le plus d’argent par personne pour les soins de santé, mais se classent au dernier rang des 11 nations modernes en termes d’efficacité, d’équité et de vie saine. (7)

D’après mon expérience, le manque de test pourrait être un problème encore plus important. Par exemple, je vois tellement de patients atteints d’un déficit en vitamine B12 qui n’ont jamais été testés pour la vitamine B12. Les tests de laboratoire les plus courants n’incluent pas non plus le panel complet de la thyroïde, les anticorps thyroïdiens ou le panel complet du fer. Au lieu de commander des tests individualisés pour aller à la racine des problèmes d’un patient, les médecins effectueront le même panel de tests de routine afin de se protéger – et rien de plus, laissant d’innombrables personnes non diagnostiquées ou mal diagnostiquées.

Il faut changer le visage de la médecine moderne

Le modèle actuel de la médecine conventionnelle mine la capacité d’un médecin à guérir, et même les médecins eux-mêmes sont insatisfaits de l’état de la profession. Les changements suivants qui doivent être apportés pour corriger la médecine conventionnelle ne sont que la pointe de l’iceberg.

Modèle de rémunération différent

Les médecins voient aujourd’hui le double du nombre de patients qu’ils voyaient dans les années 1970, mais sont rémunérés de la même manière (si on tient compte en fonction de l’inflation). Lorsque l’assurance contre la faute professionnelle et les heures supplémentaires sont également prises en compte, il n’est pas étonnant que la majorité des médecins soient épuisés et mécontents.

Réalignement des incitations

Notre système repose actuellement sur les mutuelles d’assurance pour payer les soins. Cependant, les objectifs des compagnies d’assurance ne sont pas toujours alignés avec les besoins des patients, ni avec les besoins du médecin. Les compagnies d’assurance font des profis lorsque les dépenses de santé augmentent. Pour cette raison, les compagnies d’assurance sont peu motivées à adopter des traitements qui réduiraient en fin de compte les dépenses de santé. Le moment est venu d’envisager des modèles alternatifs de paiement des soins.

Moins d’influence pharmaceutique

Pots-de-vin, dîners, avantages : les médecins sont utilisés et récompensés pour vendre des ordonnances à leurs patients. Le traitement médical doit avoir les meilleurs intérêts de santé du patient à l’esprit au lieu d’avoir les profits et les bénéfices de Big Pharma en ligne de mire. Les conflits d’intérêts doivent cesser, le lobbying doit disparaître, les contrevenants punis. La santé n’est pas un business, c’est un bien commun à chérir et protéger.

Se recentrer sur la guérison des maladies, pas sur le traitement des symptômes

Au lieu de prescrire automatiquement des médicaments pour le reflux acide, l’hypertension artérielle et l’insomnie, les médecins devraient déterminer la cause de ces maux. Leur formation est à revoir, comment peut-on régler des problèmes de santé sans être un expert en nutrition clinique, par exemple ?

Approche holistique des soins de santé

Idéalement, en plus d’un médecin, les patients devraient avoir des nutritionnistes, des éducateurs de santé et d’autres professionnels dans leur équipe de soins pour améliorer tous les aspects de la santé, y compris la nutrition, le sommeil, le stress et l’équilibre travail-vie personnelle. L’exposome, l’épigénétique reste le nerf de la guerre en termes de santé.

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Références :

  1. https://physiciansfoundation.org/wp-content/uploads/2018/02/Physicians_Foundation_2012_Biennial_Survey.pdf
  2. http://www.mayoclinicproceedings.org/article/S0025-6196(15)00716-8/abstract
  3. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27595430
  4. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11456245
  5. https://www.cdc.gov/nchs/fastats/drug-use-therapeutic.htm
  6. http://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/1904758
  7. http://www.commonwealthfund.org/publications/fund-reports/2014/jun/mirror-mirror

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